Jenny touch'atout !

Cela fait déjà un certain temps que je voudrais parler d'un sujet qui me tient particulièrement à coeur. Celui d'avoir une préférence pour le sexe de son futur enfant, celui d'avoir une vrai préférence et celui de souffrir quand on a pas la chance d'avoir le sexe désiré.

Dis comme ça, ça peut avoir l'air assez futile et pourtant...

Quand j'attendais mon premier enfant, j'étais persuadée que ce serait une fille, ce ne pouvait être qu'une fille, je voulais vraiment une fille. Et ce fut un garçon, un adorable, un merveilleux garçon qui a fait de moi une maman. C'était mon premier enfant, j'en voulais 3, alors la déception n'a pas duré, d'ailleurs c'était plus de la "surprise" (j'étais tellement sûre) que de la vraie déception.
J'ai été choquée souvent de lire ou d'entendre que des femmes se mettaient dans des états incontrôlable, faisaient des crises de pleures, de nerfs, parce qu'on ne leur annoncé par le sexe désiré.
Pourtant, quand pour mon deuxième enfant, on m'a annoncé encore un garçon, j'ai été déçue, c'est vrai. Je n'ai pas fais de scandale et je disais à qui voulais l'entendre que c'était même mieux ainsi, que je préférais. Faut savoir que l'attitude des gens est très paradoxale, ce sont les premiers à te dire "alors la fille est en route ?" quand tu as déjà un garçon. Les premiers à te dire "oh non, pas de chance" ou "encore ?!" ou à te demander si "tu n'es pas trop déçue ?" ou si "tu n'aurais pas préféré une fille ?", comme s'il y avait un énorme consensus où tout le monde reconnaissait que la norme c'est d'avoir "le choix du Roi", mais que derrière personne n'était vraiment prêt à entendre la vérité, que oui tu puisse être déçue, que oui tu en souffre. Au final les gens se rabattent sur "l'important c'est la santé", parce que oui c'est bien connu, si ton second enfant est du même sexe que le premier, il sera forcément en bonne santé et d'ailleurs si ça avait été l'autre sexe, le bébé aurait eu de graves séquelles ! Et puis, franchement, faut être une mauvaise mère pour penser ça ! Parce que c'est évident que si tu aurais préféré l'autre sexe, obligatoirement tu n'aime pas ton bébé, c'est d'ailleurs contre lui tout ça... Et bien non, j'aimais mon bébé, je n'avais rien contre lui, j'étais en colère et triste contre le "destin". Pendant une semaine, lorsque j'étais seule, je pleurais, je me demandais pourquoi je n'avais pas le droit moi aussi d'avoir une fille. Et puis mon fils était déjà tellement merveilleux, je n'avais pas besoin d'un autre garçon, que pourrait-il m'apporter de plus ? Ça n'a pas duré heureusement. Et quand j'ai tenu dans mes bras ce petit bout d'amour, mon coeur à fondu et je l'ai aimé, autant que son grand frère. Au fond de moi je me raccrochais à ce 3ème bébé que je voulais depuis le début. Cette fois, il ne pouvait en être autrement, ce serait forcément une fille, les forces de l'univers ne pouvaient pas me laisser sans avoir une fille ! Et puis bébé 3 c'est installé, avec que des signes qui me disait que c'était une fille, un j-6, la lune, le calendrier chinois, etc... même le test "gendermaker" a viré rose... Et là, la claque, un 3ème garçon et le doute pas permis... Évidemment autour de nous, les remarques qui te poignardent et te fond descendre encore un cran dans le gouffre. Je me suis effondrée, mon corps me lâchait, j'ai dû consulter un psychiatre pour m'aider à sortir de cette dépression, je ne faisais que pleurer et me demander pourquoi ? Les gens autour de moi, quand j'avais le malheur d'avouer un peu ma déception, me regardaient comme si j'étais un monstre, et me disaient que je devais déjà m'estimer heureuse parce que j'avais eu 3 enfants, naturellement et presque facilement... Pourtant, ma souffrance est réelle et contrairement à ce qu'on pourrait penser, comparable, dans une certaine mesure, à celles qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Alors, oui, j'imagine bien plusieurs voix s'élever et rétorquer qu'il n'y a rien de comparable et que c'est honteux, que dis-je, scandaleux de vouloir comparer les deux. Pourtant j'aimerais qu'un instant on arrête de voir le problème sous l'angle de la procréation, et qu'on imagine qu'au lieu d'être la mère de 3 garçons, je sois mal voyante, pour être plus précise, je vois parfaitement d'un oeil mais l'autre est complétement aveugle, je ne vois rien du tout. Est-ce que j'aurais le "droit" d'envier ceux qui voient de leur 2 yeux ? Qui vois la vie en 3D ? Est-ce que j'aurais le "droit" de dire publiquement que je suis heureuse de voir le monde avec mon oeil, mais que je voudrais tellement voir de l'autre oeil aussi ? Est-ce que vous trouveriez ça scandaleux de ma part alors que d'autres sont totalement aveugle et que j'ai la chance de voir le monde malgré tout ? Oseriez-vous me dire que pour ça je n'ai pas le "droit" de me plaindre ? Le fait est que j'aime mon monde en 2D, je le trouve beau et merveilleux, je ne voudrais pas le changer, mais parfois je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait encore plus beau en 3D, qu'il serait juste parfait...

Dans certains pays, il est possible de choisir le sexe de son enfant, même si c'est le premier et juste un "caprice", du moment qu'on a de l'argent. En France c'est simplement interdit. Même quand on a 3 enfants ou plus du même sexe, c'est considérait de la même manière que si on voulait juste choisir le sexe de son enfant. Pourtant, quand on ne peux pas avoir d'enfant, on nous donne une chance d'essayer grâce à la PMA... C'est un peu comme si, dans notre exemple précédent, il existait une opération qui pouvait permettre de retrouver la vue. Le résultat n'est pas garantie, ça peut ne pas marcher. Ça peut marcher sur les deux yeux, ou juste un seul, mais on vous laisse une chance (et même plus d'une). Seulement, pour avoir droit à cette opération, il faut être aveugle totalement, pour ceux qui n'ont qu'un oeil c'est totalement interdit ! Ça semble vraiment équitable ?

Voilà, je suis une maman qui aime ses 3 garçons d'un amour sincère et fort, qui va au delà de l'entendement. Mais je suis une maman qui ne sera jamais complète...